Messagepar ugh shrimp » mar. 8 déc. 2009 10:52
On ne peut vraiment pas dire que Claude Allègre prenne beaucoup de gants quand il traite les problèmes de notre société. Les professeurs de l’Education nationale, qui l’ont eu comme ministre sous le gouvernement de Lionel Jospin, en savent quelque chose. C’est donc sans langue de bois, mais avec le souci constant de s’appuyer sur les savoirs incontestables et d’apporter des réponses en termes économiques, qu’il aborde les questions écologiques.
Son livre : « Ma vérité sur la planète », paru chez Plon en avril dernier, est à la fois une référence scientifique, une charge sans concession contre les tricheurs, les menteurs, ceux que le doyen Cluzel de l’Université de Clermont-Ferrand a qualifié, un jour, d’ «escrologistes», et l’amorce d’un programme politique mariant, pour le meilleur, l’écologie, la démocratie et la croissance. Claude Allègre, « de l’Académie des Sciences » – la référence figure fort justement sous son nom à la page de couverture- revient sur son parcours de scientifique, parcours qui ne se fit pas exclusivement dans les bureaux, les salles de cours et les laboratoires mais aussi sur le terrain, dans le monde entier.
Il rappelle à ses détracteurs que lui, au moins, parle en connaissance de cause, qu’eux, par contre, exemples à l’appui, se sont souvent trompés dans le passé, que leurs bons sentiments partent, la plupart du temps, d’une vision fausse de la réalité et, surtout, que leurs gourous n’hésitent pas à mentir pour assurer leur notoriété. Instant magnifique de pure jouissance intellectuelle que celui où il descend en flammes les trois cavaliers d’une apocalypse toute « sergioleonesque » : le « bon » Nicolas Hulot, la brute José Bové et le truand Al Gore. Il s’en prend ensuite à l’idéologie anti-croissance, anti-capitaliste, anti-libérale et, pour tout dire, anti-humaniste qui sous-tend les actions de la secte verte mondialisée. Celle-ci s’appuie sur un catéchisme qui sanctifie la nature, jette l’opprobre sur l’homme, cet être mauvais, souillé par le pêché originel, qu’il faut punir. Vous le voyez: la dictature se rapproche à grands pas. C’est donc contre tout un courant d’opinion « écolo fondamentaliste », surfant sur les peurs, les ignorances et bénéficiant du concours complaisant des médias, que l’ancien ministre de l’Education nationale part en guerre. Il fustige leurs stupides préconisations comme le principe de précaution, le refus des cultures d’OGM, leurs slogans sans preuve tel le changement climatique dont seules les activités humaines seraient la cause…
Dans la seconde partie de son livre, Claude Allègre fait un tour d’horizon de la situation mondiale actuelle: les ressources énergétiques dont nous disposons, celles qu’il faut développer, ce qu’on sait vraiment à propos du changement climatique, les espoirs mis dans les OGM –dont il ne sous-estime pas certains risques- la pollution des eaux, l’érosion des terres, la biodiversité, dont les études ne permettent pas de conclure ni à sa baisse, ni à son maintien.
À partir de son diagnostic, scientifiquement établi, avec ses zones d’ombre et ses incertitudes, qu’il ne cache pas, Allègre redevient homme politique au sens noble du terme. Il ouvre un certain nombre de pistes de travail permettant aux hommes de s’adapter à ces nouvelles situations, attitude qui fut celle de tous nos ancêtres, tout au long des millénaires passés, et fait des propositions précises. Sans réécrire la liste des mesures qu’il préconise, notons tout de même que notre scientifique privilégie les actions de proximité, ne néglige pas l’écologie des villes au profit de l’écologie des champs. Les hommes vivent de plus en plus en milieu urbain, avec des problèmes environnementaux spécifiques: pollution de l’air, traitement des déchets ménagers et industriels, instabilité des sous-sols due à un bétonnage intempestif. Mais le grand défi de l’auteur, c’est de faire appel à l’innovation, à l’esprit créatif, bref à l’intelligence humaine pour faire de l’écologie le moteur de la croissance, croissance basée sur la recherche de nouveaux produits, de nouvelles technologies, de nouveaux métiers, liés à la protection environnementale.
La société future, voulue par Claude Allègre, est le contraire de celle voulue par les Verts de tous poils. Elle restera démocratique, basée sur la confiance, fera appel au meilleur de l’homme, ne rejettera pas la croissance. Alors qu’ avec les ayatollahs de l’eau pure et de la bicyclette à tous les étages, nous aurons des taxes et des impôts, en veux-tu en voilà, des normes, de la suspicion et des contraintes sans fin. A l’heure du Grenelle de l’environnement, dont les premiers échos reçus m’ inspirent quelques inquiétudes, je recommande la lecture du bouquin d’Allègre à tous les participants, afin de les éclairer, et à tout citoyen, pour leur résister le cas échéant.