Madagascar Sud – Compte rendu de trip
Modérateurs : Aventout, lionel
Merci pour ce CR ! ça me met l'eau à la bouche.
Je confirme l'état mental "perturbé" des hurluberlus du kite bivouac.
l'un d'entre eux, zeitoun, était une fois encore à Sakalav il y a 2 semaines, et un jour, vers midi, il décide de faire un bivouac sur l'îlot Suarez.
Le voilà parti, seul, de sakalav, n'ayant pu motiver personne, ds une mer démontée, avec 40kn au compteur (je peinais à tenir ma 5)...et le lendemain, il ns raconte en rigolant que pdt la nuit, il a été réveillé par de gros rats, qui grimpaient ds son hamac...
bref, je pense pas faire de grands trips kite avec eux.
Je confirme l'état mental "perturbé" des hurluberlus du kite bivouac.
l'un d'entre eux, zeitoun, était une fois encore à Sakalav il y a 2 semaines, et un jour, vers midi, il décide de faire un bivouac sur l'îlot Suarez.
Le voilà parti, seul, de sakalav, n'ayant pu motiver personne, ds une mer démontée, avec 40kn au compteur (je peinais à tenir ma 5)...et le lendemain, il ns raconte en rigolant que pdt la nuit, il a été réveillé par de gros rats, qui grimpaient ds son hamac...
bref, je pense pas faire de grands trips kite avec eux.
breizrun a écrit :...et le lendemain, il ns raconte en rigolant que pdt la nuit, il a été réveillé par de gros rats, qui grimpaient ds son hamac...




Plus sérieusement, ces gars là sont guides de haute montagne / parapentistes, et d'un certain âge : ça ne colle pas vraiment avec des têtes brulées... mais bon, z'ont peut-être beaucoup de chance, faut voir

psykokwak a écrit :breizrun a écrit :...et le lendemain, il ns raconte en rigolant que pdt la nuit, il a été réveillé par de gros rats, qui grimpaient ds son hamac...
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Hé ben il a trouvé de quoi manger sur l'ilot Suarez, c'est déjà ça
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Plus sérieusement, ces gars là sont guides de haute montagne / parapentistes, et d'un certain âge : ça ne colle pas vraiment avec des têtes brulées... mais bon, z'ont peut-être beaucoup de chance, faut voir.
Je cite :
"Après une rapide analyse de ma situation, je me demande si il n'aurait pas été préférable que je me noie avant ... A 5 m devant moi, la vague se brise sur le platier, elle doit faire plus de 3m de haut. Le platier à fleur d'eau est long de 50m, il fait 2m d'épaisseur et apparaît presque dans sa totalité lorsque la mer se retire. La vague tombe pile poils à son pied créant une gerbe impressionnante. Dans ma situation, le terme exacte serait plutôt "angoissante" !
Les villageois qui se sont regroupés en nous voyant arriver, me font de grands signes. Ils gesticulent frénétiquement pour essayer de me faire comprendre que ce n'est pas une bonne idée de nager dans les vagues à cet endroit. Peine perdue, la prochaine vague est pour moi, dans 3 secondes elle est là. J'aperçois à quelques mètres sur ma droite, une "patate" de corail, telle une grosse verrue au pied du platier, sur laquelle la vague vient se fracasser. Finalement j'ai de la chance, j'aurai pu, en plus de me noyer, me faire déchiqueter...
Ca y est, c'est l'heure, la vague me fait prendre de l'altitude et me propulse en avant. Le platier est devant moi en contre-bas, je sais que ça va me faire mal, j'ai juste le temps de placer mon sac entre ma planche et moi pour amortir le choc et de prendre une grande inspiration. Pendant la chute, je vois le mur du platier passer devant mes yeux, ouf ! je ne tape pas dessus, je m'écrase seulement au pied ! Le choc est rude, mon sac amortie bien. Je perds toute notion d'espace, mon corps est balloté dans tous les sens, mon sac et ma planche m'ont été arrachés. Ca dure trop longtemps, je commence à manquer d'air malgré l'inspiration de malade que j'ai pris avant de plonger. Je sais bien que je suis dans la turbulence au pied du platier, mais quand même, entre deux vagues ça devrait se calmer !
Finalement, Je sens que la pression qui me maintiens au fond diminue, j'ai de nouveau conscience du bas et du haut, je vais enfin pouvoir rejoindre la surface et respirer. J'en suis là de mes réflexions quand un courant de fond, venant du platier qui se vide de son eau, m'entraine vers le large sur une dizaine de mètres. La perspective de devoir repasser cette vague m'effraie plus que l'augmentation de ma dette en oxygène. Je vois de nouveau le jour, que c'est bon de pouvoir respirer à plein poumons. Je ne sais pas qui à dit " les choses les plus courtes sont souvent les meilleures ", mais il avait bien raison. Je suis revenu à la case départ, de nouveau au sommet de la vague en partance pour un " vol crash " au pied du platier.
Combien de temps ça va continuer comme ça, combien de fois vais-je devoir subir cette vague !?. Je sens que je ne vais pas tenir plus de deux ou trois passages, les apnées sont trop longues et l'effort est trop consommateur d'oxygène. Je n'ai pas le temps de reprendre correctement ma respiration, mon bras droit est lourd et ankylosé; durant la chute, qui me paraît une éternité, je sais que je n'ai jamais été aussi près de la noyade.
Le choc est encore plus rude qu'au premier passage, je n'ai plus mon sac pour me protéger. La suite est pire que ce que je craignais, le brassage est le même, la durée aussi mais ma réserve d'oxygène est bien inférieur. Je fais des efforts désespérés pour me contenir, essayer de ne pas paniquer, je n'ai pas le droit d'ouvrir la bouche.
Dans un petit coin de ma tête, je me revois avec ma fille, Alizée, 3 mois plus tôt, nous entrainant à faire des apnées pour son examen de surveillant de baignade.
Cette épreuve, je suis en train de la perdre, ma résistance est à son maximum, je vais ouvrir la bouche, je vais savoir ce qu'il se passe lorsqu'on se noie.
J'ouvre en grand, c'est fou comme mon corps est indépendant de mon esprit, il semble persuadé qu'il va trouver de l'air sous ces tonnes d'eau. Mes poumons se gonflent à en éclater, je sens l'eau pénétrer dans ma trachée mais ce n'est pas aussi suffoquant que ce à quoi je m'attendais. Il y a au milieu de cette eau, de l'air ou plutôt des bulles d'air. Dans l'affolement, je ne me suis pas rendu compte que je suis finalement à la surface, entouré d'une mousse incroyablement épaisse qui m'empêche de voir le ciel.
Juste le temps de tousser pour recracher le trop perçu et me voilà de nouveau au sommet de la vague avant qu'elle ne s'abatte sur le platier. Une expression bien connue colle exactement à ma situation " reculer pour mieux sauter ".
Je suis découragé, je ne veux pas y retourner, je me sens seul, je sais que Zeit, où qu'il soit, ne peut rien faire pour moi. J'ai l'impression d'être dans une impasse et d'essayer vainement de traverser le mur du fond !. Mon corps perd ses forces, mon bras droit est douloureux, j'essai de le sortir de l'eau mais en suis incapable. Je viens de comprendre pourquoi j'ai mal. La bretelle de mon sac à dos est passée autour de mon bras et a fait plusieurs tours sur elle même, mon sac, plein d'eau, est ainsi menotté à mon poignet me coupant la circulation et me gênant dans mes mouvements ! Bordel ! je n'avais vraiment pas besoin de ça !! Mais puisqu'il est là autant m'en servir.
La vague se cabre, me soulève, et sans surprise, me projette vers le bas. Je tousse encore alors qu'il faut que j'inspire, je regarde vers le bas et vois le platier passer sous mes pieds. Cette fois la vague m'envoie directement sur le rocher, c'est peut-être ma chance il faut la saisir. Le choc va peut-être me sonner, je place mon sac en protection juste avant l'impact, je tiens par-dessus tout à rester conscient afin de m'agripper au rocher et ne pas retourner dans les rouleaux au pied de celui-ci.
Là, j'ai un blanc, je n'arrive pas à me rappeler de l'impact, ce dont je me souviens c'est mes mains cherchant désespérément une aspérité sur ce rocher érodé par des siècles de vagues. Des milliers de litres d'eau me poussent en arrière, mon sac, toujours attaché à mon poignet, fait corps mort et arrache la prise de ma main droite. Je vois les rouleaux derrière moi, contre ma volonté, je vais lâcher prise.
Avec le recul, en écrivant ces lignes devant mon ordi, chez moi, bien au chaud, une tasse de café à la main, je me rends bien compte de la chance insolente qui m'a été donné. Des frissons me parcourent le corps en revivant ce moment où je sais que pour la seconde fois je ne vais pas résister.
La vague suivante sera ma deuxième chance, elle vient me percuter de plein fouet et me propulse plus en avant du platier. Je me souviendrai toujours de ma pensée du moment "sauvé, je ne meurs pas aujourd'hui !"
Je réussi à sortir du platier en rampant, plusieurs Malgaches se jettent sur moi pour m'aider pendant que d'autres ont déjà récupéré mon matériel échoué sur la plage. J'attends de toucher le sable pour m'effondrer, mon corps est parcouru de tremblements, je suis au bout du bout... "
Si c'est pas de la chance de s'en être sortie , c'est quoi ?????????
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