Avant de faire du kite, j'étais (et je suis toujours d'ailleurs !) passionné de pêche et j'ai fait plusieurs déplacements à Dakhla pour pécher les courbines notamment, gros poissons blancs que l'on pêche là-bas des falaises et des des plages agitées.
Je n'ai pas d'avis à vous donner sur les différents camps de pêche et de kite européens, à l'époque ou j'y allais, il n'en existait qu'un seul, et je me suis toujours passé de ses services. Je louais avec des potes un appartement dans la ville de Dakhla et je péchais des plages en compagnie d'un ami Sahraoui dont la vente des courbines représentait son moyen d'existence. Un très chic type dont j'ai régulièrement des nouvelles et qui continue cette activité .
Pour faire court, Dakhla est une ville portuaire récente qui est située non loin de la frontière mauritanienne. Ce fut durant les années 75 jusque dans les années 80 le théâtre des affrontements du «Front Polisario » entre l'armée marocaine et les résistants Sahraouis (qui occupaient ce désert avant la prise de position de l'armée). Ce conflit durera une dizaine d'année et fera des milliers de morts de chaque côtés !! Un des pires épisodes de cette guerre fut l'anéantissement total des habitants du « village espagnol », village aujourd'hui fantôme situé face à Dakhla, de l'autre côté de la lagune, ! les Sarhaouis une nuit ensablèrent vivants les 600 occupants marocains du village et aucun corps ne fut retrouvé !
Une très grande partie du désert autour de Dakhla fut truffé de mines par l'armée Marocaines et je déconseille fortement de partir en ballade dans le désert, que ce soit en 4x4, à pieds ou même à dos de chameau sans un guide marocain très expérimenté sous peine de finir en petits morceaux ! Il existe encore aujourd'hui une tension entre l'armée et le Sahraouis et des échauffourées éclatent régulièrement.
Dakhla est aujourd'hui une ville qui vit essentiellement de la mer : de la pêche au chalut et de la pêche des poulpes dont les asiatiques raffolent. Sur le port de Dakhla, une usine de conditionnement des poulpes fonctionne en 3/8, et de nombreux hommes de la ville embarquent sur de gros chalutiers ou sur des espèces de grandes pirogues de 8 m de long environ par équipages de 5 ou 6 hommes. Sur ces petites embarcations, ils restent parfois en mer une semaine et font tout à bord : pêche, feu pour se réchauffer et se nourrir...
Comme chacun a pu le constater, le vent là-bas souffle fort et des embarcations chavirent régulièrement sous la force de le houle. Le large de Dakhla est aussi le passage forcé des bateaux de migrants clandestins d'Afrique noire qui tentent de se diriger vers les Iles Canaries.!
Depuis quelques années, une agriculture intensive a vu le jour en plein désert avec le forage de profonds puis. On y cultive principalement des tomates dans des serres absolument gigantesques.
Les commerces du centre ville valent le détour, il y a plein de petits restau. Mieux vaut quand même réfléchir et faire le bon choix avant de s'y aventurer. Il y en a pour toutes les bourses marocaines (surtout pour les petites) et les conditions d'hygiène vont forcément avec le tarif du menu

On y trouve à la fois de nombreux commerces de téléphones portables (les marocains en raffolent) mais aussi des échoppes et ateliers sortis d'outre temps dans lesquels c'est 100% récup et débrouillardises. Le must à voir, ce sont les petits ateliers de mécanique. Disons que ce sont les ancêtres de Renault Minute, mais y'a 80 ans, et encore !! Ils sauront en revanche vous refaire une culasse de mobylette avec une boite de conserve
Le marché couvert est à visiter absolument !! Vous y trouverez un marché aux légumes, aux volailles et à la viande et forcément au poisson. Il est assez coloré et plein d'odeurs parfois agréables, parfois épouvantables pour nous européens (surtout côté viande et volaille). Mais il y règne une ambiance on ne peut plus typique.
La vie en ville est rythmée par les appels à la prière sonné par la mosquée et j'étais à chaque fois épaté par le nombre de personnes déambulant à 4h00 du matin pour s'y rendre !!
Dakhla est une ville encore constituée d'une partie très pauvre de bidons ville, partie difficile à voir si on ne s'aventure pas vers le port. Il y existe cependant une vraie solidarité et tout le monde mange à peu près à sa fin.
Les habitants de Dakhla sont assez cool globalement et n'hésitent pas à vous faire connaître leurs spécialités locales et sont très fiers de vous inviter à boire le thé ou à diner. Ce n'est pas comme à Casa ou c'est un peu chaud parfois. A Dakhla, on peut vivre sans stress.
Ce qui m'a interpelé à chaque voyage là-bas c'est la simplicité de ces gens et de leurs moyens d'existence. J'ai une dernière anecdote : alors que je péchais avec ma canne à 1000 euros sur une plage surplombée d'une falaise, un petit homme d'une trentaine d'année est descendu avec l'aisance d'une chèvre de la falaise pour récupérer une seiche qui venait de s'échouer. Ils vivait seul dans le désert à 40 km de Dakhla, dans un espèce de caverne creusée dans la croute de calcaire et vivait de pêche et d'eau sulfureuse qui résurgeait du désert !! Limite préhistoire le truc !!
Moi J'avais honte de débarquer avec mon matos ultra sophistiqué !
Voilà un peu mon expérience du sud Maroc.
J'espère que je ne vous ai pas tous endormi
