On évoque les accidents, les risques, les dommages, leurs composantes psychologiques et affectives.
Dans les posts précédents, il est surtout fait état de sports à risques, en référence à des notions d’assurance (la RC complémentaire), du nombre, de la gravité ou de la fréquence des accidents. Et de conclure sur la base d’exemple, de « statistiques » très partielles , de vécus et d’expériences personnelles , que le kite est ou n’est pas un sport à risques, que certaines pratiques dans le kite le sont ou pas, sous certaines conditions ou environnements, etc.
Si on parle de la dangerosité du kite, on peut l’examiner, soit du point de vue du pratiquant et des risques qu’il encoure de se blesser ou mourir, soit de l’environnement humain ou non et des risques que le pratiquant leur fait courir (la notion de RC).
Le post est centré sur le pratiquant et sa pratique, donc d’évoquer des problématiques de RC, ou de faire référence à cela quand on parle de la pratique en elle-même, ce n’est pas le débat.
Je trouve curieux qu’en France il n’y ait pas de « classification ou normalisation » des activités sportives dites à risques pour le pratiquant. En tous cas, aucun des posts n’en évoquent.
Je vous mets donc les définitions très exhaustives des normes légales Suisses en la matière, qui sont limpides et qui ont le mérite d’exister (la Suisse étant et restant le pays de l’assurance et de la réassurance !)
Entreprises téméraires et sports dangereux
http://www.suva.ch/fr-ch/prevention/loisirs/entreprises-temeraires-et-sports-dangereuxCertains sports spécialement dangereux s’accompagnent de dangers et de risques particulièrement importants. On parle alors d’entreprises téméraires. Les
entreprises téméraires sont celles par lesquelles l’assuré s’expose à un danger particulièrement grave sans prendre ou pouvoir prendre des mesures destinées à ramener celui-ci à des proportions raisonnables.
En cas d’accidents non professionnels dus à une entreprise téméraire, les prestations en espèces sont réduites de moitié (c’est la perte de gain compensée en cas d’arrêt de travail!), voire refusées dans les cas particulièrement graves.
Le sens profond des normes légales citées ci-dessus consiste dans le fait qu'une évaluation des intérêts doit être opérée entre l'intérêt global des assurés (c'est-à-dire des payeurs de primes) et le niveau de protection que présente une entreprise (par ex. une discipline sportive). Le payeur de primes doit être protégé contre les sollicitations difficilement supportables.
On parle
d’entreprise téméraire absolue dans les deux cas de figure suivants: lorsqu’une activité s’accompagne de risques qui, indépendamment de la situation concrète, ne peuvent pas être réduits à des proportions raisonnables, ou lorsqu’une activité impliquant des dangers particulièrement graves n’est pas suffisamment digne de protection ou lorsqu’elle peut être considérée comme déraisonnable ou répréhensible.La liste actuelle des entreprises téméraires absolues en Suisse :• Compétitions d’auto-cross, courses automobiles de côte, courses automobiles sur circuit, courses de stock-car (y compris l’entraînement); épreuves de vitesse lors d’un rallye automobile; conduite d’une voiture automobile sur circuit (à l’exception des cours de sécurité routière)
• Base jumping
• Compétitions de plein-contact (p. ex. combats de boxe)
• Bris de verre volontaire
• Karaté extrême (destruction de briques, de tuiles ou de planches épaisses avec le tranchant de la main, la tête ou le pied)
• Courses de motocross (y compris l’entraînement sur le circuit)
• Courses de bateau à moteur (y compris l’entraînement)
• Courses de moto, y compris les courses d’entraînement et la conduite d’une moto sur circuit (à l’exception des cours de sécurité routière)
• Compétitions de descente en VTT, y compris l’entraînement sur le circuit de descente (downhill biking)
• Sauts à vélo incluant des figures acrobatiques (tels que saltos, rotations sur son propre axe, ou fait d’enlever les mains du guidon ou les pieds des pédales)
• Compétitions de quad (y compris l’entraînement)
• Descentes en planche à roulettes, pour autant qu’il s’agisse d’une compétition ou d’une course de vitesse
• Courses de motoneige (snow cross), y compris l’entraînement
• Courses de ski (chasse au record de vitesse)
• Speedflying
• Plongée subaquatique à une profondeur excédant 40 m
• Hydrospeed ou riverboogie (descente de rivière à plat ventre sur un flotteur)
Si l’activité est digne de protection et si les risques peuvent être réduits à des proportions raisonnables par la personne la pratiquant, on parle en revanche d’entreprise téméraire relative. Il convient toutefois de déterminer si, compte tenu des capacités personnelles de l’assuré et du type d’exécution, une réduction des risques aurait été possible et si celle-ci a été négligée ou non.
La liste actuelle et ouverte des entreprises téméraires relatives :• la varappe, l’escalade ou la pratique de sports de neige en dehors des pistes balisées, au mépris des règles élémentaires (par ex. manque d’expérience, équipement insuffisant, mauvais temps)
• la pratique du parapente ou du deltaplane avec des conditions de vent particulièrement défavorables
• Sont considérées comme entreprises téméraires relatives également d'autres activités exercées sans prendre des mesures destinées à ramener les risques objectifs à des proportions raisonnables.
(fin de citation et reprise du texte)A aucun moment il n’est fait mention des équipements de sécurité intrinsèques nécessaires à la pratique, à leur maintenance ou vérification avant la pratique. Pour la simple raison qu’un équipement de sécurité doit être opérationnel à 100% et que s’il est défaillant, alors il y a accident, que la pratique soit à risque ou pas.
Par contre, l’équipement insuffisant peut être une cause d’entreprise téméraire relative (casque et combinaison pour le foil, etc ?????)
En Droit d’assurances en Suisse, aucune des pratiques de kite, quel que soit l’environnement ou le support de pratique, ni les conditions de vents (< 20 kn, tempêtes, rafales) ou météo (kitesurf à 0 en hiver) ne sont considérées actuellement comme entreprise téméraire absolue ou relative.
Mais il est certain que si des cas d’accidents devaient se multiplier en relation avec une pratique ou des conditions particulières, alors cela changerait !
Ensuite, si l’on revient à la composante psychologique du notre pratique et des accidents qui font le buzz ou dont se délecte l’opinion, il me semble que c’est peut être le résultat de la fascination et de l’incompréhension de l’homme face à la puissance des éléments naturels.
Et à sa « petitesse » et totale non maîtrise quand la Nature nous rappelle que l’on n’est rien quand elle se manifeste!
Avec le vent, il est aussi possible que son « invisibilité » et la difficulté de vouloir percevoir sa vraie puissance…) augmente encore l’incompréhension face à cette puissance (il faut une grosse tempête pour que cela nous freine en marchant… pourtant à moins, des branches peuvent être arrachées et emportées.
On veut tous croire que le kite sous 20 nœuds n’est pas dangereux, que ce n’est que sous 35 noeuds et surtoilé que l’accident pourrait éventuellement arriver, mais pas à moi aux autres !
Hier sous 15 nœuds et dévente au déco (quasi systématique sur ce spot), il n’a pas largué et voulu récupérer l’aile pleine fenêtre (il connaissait le spot et n’était pas débutant), il a décollé sur 5 m, la tête dans les galets… heureusement que l’aile est tombé. Après cela, il y en a eu au moins 10 qui ont décollé de la même façon, alors qu’ils avaient assisté à la scène. Pour supprimer ce risque, il suffisait juste de décoller l’aile contre l’eau et pas la rive, et donc de se déplacer de 20 mètres…
Ou encore l’aile d’un foil sous 5 noeuds de vent peut sans doute tuer le pratiquant ou le baigneur…